Course des templiers vétérants à millau le 21/10/2012
71kms et 3200m D+, c’est une belle fonction mathématique. Depuis mon inscription, J’essaie de me la représenter, Jean-François me dit, 3200m D+, c’est deux fois le col du Tourmalet, oui mais encore ,,, je connais mieux les alpes, ça fait du bas de la vallée de la Tarentaise jusqu’au glacier de La Plagne, ou alors pour les Franciliens, Fontainebleau – Paris avec 10 ascensions de la Tour Eiffel sur le parcours . C’est énorme, monstrueux et peut-être irréalisable ? Et puis le jour J arrive, dimanche 21 octobre 2012 à 5h15 du matin, le froid est tombé sur Millau, la pleine lune va bientôt se coucher ; 2650 frontales sont allumées devant l’arche de départ, la musique d’ERA nous envahit, les fumigènes rouges nous indiquent la direction ,,,, pan… ça y ait, je suis en course sur le trail des Templiers avec Jean-François à mes cotés, après 1 heure de course, 450m D+ et seulement 6 kms, Jean-François et moi arrivons sur le Causse Noir. La neige est tombée pendant la nuit, la bise souffle fort, l’embout de ma poche d’eau gèle entre chaque aspiration, on s’organise, on gère la quantité d’eau à boire, la nourriture à avaler, le jour se lève, on calcule l’heure d’arrivée au 1er ravitaillement, et puis il arrive en bas d’une belle descente ou les cuisses en prennent un petit coup, 22 kms en 2h50. Des spectateurs sont là. Monique, qui a fait le V02 trail la veille, nous encourage. Nous retrouvons Martine qui a un peu d’avance sur nous, elle repart. Un peu de fromage, du pain, de la banane, du thé, je recharge la poche d’eau, je décroche mes bâtons pour attaquer la prochaine ascension. Finalement, ce n’est pas une course qui se dessine devant nous mais 5 étapes pour aller d’un ravito à l’autre. Le prochain point à atteindre est au km 34, que 12kms mais avec 600m D+.
Les bâtons nous aident bien dans la pente raide, enfin nous débouchons à nouveau sur le Causse, il tombe un peu de neige, le paysage est magnifique, on peut enfin recommencer à courir, aller encore 7 bornes. Au km 34, le ravito est sous un préau, j’avale un gel, de la soupe, de la banane, du pain, des tucs, rechargement du camel-back. Avec Jean-François, nous repartons face à la bise, la terre est gelée, dans le hameau, quelques spectateurs courageux nous réchauffent le coeur. Direction la 3ème étape à 15 kms, le paysage devient de plus en plus beau, le soleil commence à percer. Dans une descente, je perds Jean-François, il ne doit pas être loin, il va revenir. Je débouche sur une Corniche avec une vue à couper le souffle, au fond de la vallée les gorges de la Dourbie et à droite le viaduc de Millau. Il va falloir y aller, attaquer la descente jusqu’au village Le Roque St Marguerite au bord de la Dourbie. L’automne revient avec le soleil, il fait bon dans la descente, je suis en forme. Dans le village, les spectateurs sont nombreux. En bas d’un escalier, sur la dernière marche, je m’autorise une petite figure avec les bâtons pour mettre un peu d’ambiance, les encouragements redoublent. Ce n’est pas à refaire, j’aurais pu me blesser en faisant le zouave. Je passe le pont de la Dourbie pour attaquer la nouvelle difficulté où je retrouve Martine. En avant pour 400m D+, Martine monte bien, la pente est très raide, je reste au contact. En haut, il nous reste 2kms de descente en pente douce sous un beau soleil pour rejoindre le ravito, dans une salle des fêtes. J’ai mes habitudes, pain, kiri, tucs, soupe, banane et le rituel pour remplir la poche d’eau. Je dois enlever mes chaussures pour retirer du gravier, Martine attend tranquillement. Déjà 7h35 de course, je suis vraiment dans l’inconnu maintenant, je n’ai jamais dépassé 5h de course avant aujourd’hui. 4ème étape, km 48 au km 64, un monstre, 120m D+, 100m D+ et enfin 450m D+, 700 mètres de dénivelé positif en 14 kms. Au 50ème kilomètre, Martine butte sur le bâton d’un coureur qui s’étire, mais… c’est Jean-Marie!, que fait-il là?.. Martine et moi avions perdu sa trace. Nous repartons à 3 pour attaquer les 2 premières difficultés. Notre trio s’étire, ça devient difficile de se suivre. Dans la descente qui nous amène à nouveau au bord de la Dourbie, je suis bien, j’adore descendre avec les bâtons. Et là, en bas de la descente, sur le bitume que nous ne tâtons pas beaucoup aujourd’hui (peut-être 5kms sur 71), sur le kilomètre le plus plat de toute la course…. boum, le premier coup de moins bien, après de 55kms. Je suis un peu inquiet, les 450m D+ sont là devant moi, de l’autre coté de la rivière. Martine et Jean-Marie me dépose, Jean-Marie me motive. Dans le premier lacet, j’aperçois Martine et Jean-Marie déjà bien au dessus de moi. La voix de Jean-Marie porte loin, il me motive encore et encore. Je cherche une allure, ça revient petit à petit, les coureurs calent les uns après les autres, ils s’arrêtent … et là sur la une épingle à cheveux, que vois-je?.. Jean-Marie allongé au soleil, visiblement le coup de bambou l’a rattrapé. Malheureusement, Je ne peux pas l’attendre, je dois continuer pour retrouver un rythme. Martine file devant, ou est-elle ? J’arrive enfin au ravito du km 64, le bâtiment est ancien, la voûte en pierre de la toiture est majestueuse, un feu est allumé dans la cheminée, je me méfie, je file à l’autre bout du bâtiment pour me ravitailler et me reposer un peu sur un banc, je me refais le même menu, comme il passe bien, je persiste. Je croise Martine qui est sur le point de repartir. Dernière étape, km 64 au km 71, 7 malheureux kilos mais pas un poil de plat (300m D- puis 225mD+ et 450mD-). En sortant de la ferme, le fin de journée approche, le froid redouble, mais dans la descente, je retrouve des bonnes sensations, je dévale ,,,, et puis soudain un mur, ce n’est plus une cote mais de l »escalade pendant 225 mètres de dénivelé. Le hasard me place juste derrière Jean-François qui m’a passé au ravito sans me voir. J’attends, il ne m’a pas vu, j’attends encore, il est concentré pour escalader. Je l’appelle, il est surpris de me voir. La vue sur le coucher de soleil derrière le viaduc est magnifique, l’instant est magique, le sommet approche. Enfin nous arrivons au niveau de l’antenne placée au sommet. Le vent siffle sur le métal. Le soleil se couche. Nous voulions arriver avant la nuit… c’est raté. Nous allumons nos frontales pour attaquer la dernière descente, je suis à nouveau très bien, je double beaucoup de coureur. Plus que 2 kms, je reviens sur Martine, après un petit effort, nous commençons à savourer, on va y arriver, c’est presque fait. 200m, 100m, 20m de ligne droite, on finit ensemble main dans la main. Après 13h40 de course, nous sommes Finisher du trail des Templiers. Je suis heureux mais surtout très impressionné. Je ne pensais pas pouvoir passer 10 Tour Eiffel et courir de Fontainebleau à Paris. Nous étions 7 et nous avons tous fini, c’est bien là l’essentiel. Bravo à Monique, Martine, J-Marie, Riita , Benoit, J-François et … Olivier votre narrateur.
Super récit. c’est une aventure formidable. Gros respect pour cette performance. Combien de jours pour récupérer du périple?